Trente-huit ans après avoir représenté l'Espagne, en 1984, lors de la 41e édition de la Biennale d'art contemporain de Venise, le Catalan Antoni Clavé (1913-2005) retrouve la cité des Doges au Palazzo Franchetti. En collaboration avec les archives de l'artiste, l'exposition présente cinquante pièces produites entre 1958...
© J.L. Losi
Trente-huit ans après avoir représenté l'Espagne, en 1984, lors de la 41e édition de la Biennale d'art contemporain de Venise, le Catalan Antoni Clavé (1913-2005) retrouve la cité des Doges au Palazzo Franchetti. En collaboration avec les archives de l'artiste, l'exposition présente cinquante pièces produites entre 1958 et la fin des années 1990, qui mettent en exergue le thème du guerrier, figure transversale dans son corpus. « L'enjeu de cette exposition réalisée dans le cadre de la 59e édition de la Biennale est de montrer ses œuvres à la lumière du souvenir des sculptures et masques africains dont il aimait s'entourer dans son atelier », explique Aude Hendgen, directrice des Archives. Au premier étage du palais, toiles, sculptures, « armoires » et tapisseries, souvent de grande dimension, rendent compte de son attrait pour la production africaine et de sa démarche plurielle. Dans la première salle, un tirage en bronze d'En souvenir du masque africain se dresse face à des toiles confirmant son goût pour les matériaux de récupération et la simplification des formes. Au fil des espaces où le public retrouve certaines œuvres exposées à Venise en 1984, le parcours proposé par Aude Hendgen et le commissaire indépendant Sitor Senghor dresse l'inventaire des techniques de ce coloriste inspiré par la palette de Joan Miró. Comme dans sa toile Drôles de guerriers (1983), de flamboyantes couleurs souvent dégoulinantes sont fréquemment associées au collage de toiles, de papiers gaufrés et estampillés, au trompe-l'œil représentant de faux papiers froissés et à une figure du guerrier de plus en plus éthérée. Clou de l'exposition, le tableau monumental Toile froissée aux guerriers (1981), presque christique, dialogue avec cinq masques faits de matériaux de rebut (1965), sous une lumière tamisée. Au Palazzo Franchetti, les œuvres d'Antoni Clavé aux nombreuses références s'allient parfaitement à l'architecture intérieure somptueuse, sans jamais dénoter.
Jusqu'au 23 octobre 2022.